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Pierre Pevel

Les Lames du Cardinal

A l'occasion de la parution en Folio SF du premier tome des «Lames du Cardinal», de Pierre Pevel, Prix Imaginales des lycéens 2009, découvrez toutes les réponses de l'auteur !



Interview

Comment êtes-vous parvenu à combiner les caractéristiques du roman historique, qui ancrent avec réalisme l’histoire dans une période précise, et les caractéristiques de la fantasy, qui jouent quant à elles sur les ressorts du merveilleux et de l'imaginaire ? N'est-ce pas une manière de dépoussiérer le roman historique et de lui donner un regain d'intérêt auprès d'un jeune public ? (Rebecca P., Dompierre-les-Ormes)

En fait, la fantasy est beaucoup plus proche du roman historique qu’on le pense souvent. Si l’on y songe, sommairement dit, un roman de fantasy est un roman historique situé à une époque qui n’a pas existé. D’ailleurs, toutes les déclinaisons du roman historique existent en fantasy : roman sentimental, roman policier, roman épique, etc. Je n’ai donc eu aucune difficulté à marier roman historique et fantasy. Je me suis approprié l’époque et j’ai laissé courir mon imagination. Mais il m’a semblé, en effet, que réunir la fantasy et l’Histoire avait un intérêt. Non pas tant pour dépoussiérer le roman historique dans le but de le rendre plus séduisant. Mais plutôt dans l’idée d’explorer une nouvelle piste, un nouveau sous-genre littéraire.

Est-ce votre goût pour cette période de l’histoire qui vous a incité à choisir le roman de cape et d’épée, ou plutôt l’inverse ? (Yann L, Versailles)

Les Trois Mousquetaires sont à l’origine de tout. C’est avec ce roman que j’ai découvert Dumas, la littérature de cape et d’épée et le début du XVIIe siècle. Et je me suis pris de passion pour les trois.

Les dragons relèvent-ils pour vous d'une symbolique particulière que vous pourriez expliciter ? Introduire ce bestiaire fantastique est-il une façon détournée de dire quelque chose de l'histoire de France et de l'Europe du XVIIe siècle ? (Bertrand M., Rennes)

Désolé, j’ai bien peur que mes dragons ne soient que des dragons…

Alexandre Dumas semble être votre source d’inspiration principale. D’autres auteurs vous ont-ils également inspiré pour l’écriture de ce roman ? (Julie P., Lacanau)

Pas réellement, non. J’avais l’ambition d’écrire un roman de cape et d’épée et Dumas – que j’admire énormément – a écrit avec la trilogie des Mousquetaires le chef d’œuvre du genre. Il a donc été ma seule source d’inspiration. En outre, j’ai décidé très tôt de traiter la mythologie dumasienne avec le même sérieux que la réalité historique : dans mon projet, Rochefort ou Athos ont la même densité, la même véracité que Louis XIII ou la duchesse de Chevreuse. Si j’avais appliqué ce principe à d’autres mythologies (celle des Pardaillan de Zevaco, par exemple), le résultat aurait été confus.

Les personnages de Dumas sont-ils présents dans votre roman ? (Fabienne J., Vandœuvre)

Oui, certains, lorsque l’intrigue le justifie. Rochefort par exemple. Quelques autres font aussi des apparitions, mais je ne les nommerai pas, afin de ménager la surprise.

6) Quelle influence les jeux de rôle ont-ils sur votre écriture ? Est-ce l'univers de la fantasy qui a aiguisé votre intérêt pour l'histoire ? Avez-vous des passions à la fois pour la fantasy et pour l'histoire, que vous avez souhaité faire se rencontrer dans Les Lames du Cardinal ? Pensez-vous que votre roman puisse conduire vos (jeunes) lecteurs amateurs de fantasy à développer leur intérêt pour l'histoire ? (Christian F., Nogent-le-Rotrou)

Je ne crois pas que le jeu de rôle influence en quoi que ce soit mon écriture et je pense que ce n’est pas du tout souhaitable. Par ailleurs, la fantasy n’est pour rien dans mon goût pour l’Histoire – ce qui est d’ailleurs beaucoup dire, considérant que je m’intéresse essentiellement à la première moitié du XVIIe. J’ignore si mes romans peuvent conduire des lecteurs à s’intéresser à l’Histoire. J’en serais ravi. Mais je sais que certains ont eu l’envie de lire Les Trois Mousquetaires après avoir lu Les Lames du Cardinal, et c’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire.

Disposiez-vous d’une documentation importante ou votre imagination a-t-elle été prépondérante ? (Alix T., Paris)

J’ai commencé à m’intéresser au XVIIe siècle et à me documenter il y a 25 ans, bien avant de savoir que je deviendrais romancier et que j’écrirais un jour la trilogie des Lames. Lorsque j’ai entamé ce projet, je disposais donc déjà d’une documentation très importante. Il m’a cependant fallu l’organiser et systématiser la prise de note et la rédaction de fiches, afin de pouvoir l’exploiter utilement.

Jusqu'à quel point considérez-vous que la raison d'État, dont Richelieu est le tenant, se justifie ? Avez-vous exploré cette question cruciale dans votre roman ? (Stéphane R., Calais)

La raison d’État n’a de sens que si elle sert véritablement les intérêts du plus grand nombre. Une des problématiques de mon roman est la suivante : le sens du sacrifice individuel consenti au nom de cette raison d’État. Jusqu’où un individu peut-il aller au nom de la loyauté ? A quoi doit-il renoncer ? Quelles sont les limites de l’obligation de loyauté ?

Pourriez-vous définir la façon dont vous avez procédé pour donner aux dialogues une couleur XVIIe sans renoncer à la fluidité et à la facilité de lecture ? (Perrine A., Tours)

L’oreille ! J’ai vite renoncé à faire parler mes personnages comme à l’époque. Ils n’auraient pas toujours été compris ou on aurait ou les trouver grotesques. Et toujours, le pittoresque aurait pris le pas sur le reste. Pour autant, il était impossible de les faire parler comme de nos jours. Bref, il fallait trouver une langue parlée qui ressemble à une langue d’époque. Et résister à la tentation de faire parler tous les personnages en alexandrins ! Car il me fallait également établir différents niveaux de langage, selon l’éducation des personnages.

Votre roman a été traduit dans plusieurs langues. Savez-vous comment les lecteurs de ces pays ont perçu cette description d’une période de l’histoire dont ils ignorent sans doute beaucoup de choses ? (Michel P., Ludres)

Je sais que ma peinture de la France du XVIIe siècle en général, et du Paris de l’époque en particulier, a été appréciée en France comme à l’étranger. J’en suis assez fier car faire revivre ce contexte était une de mes ambitions. Cependant, je n’ai pas remarqué de véritable différence entre l’accueil des lecteurs étrangers et celui des lecteurs français. Les Français, j’en ai peur, n’en savent guère plus sur le règne de Louis XIII que les étrangers. J’ai en revanche été surpris de découvrir à quel point Dumas était connu et apprécié hors de nos frontières, en particulier dans les pays anglo-saxons.

Le personnage d'Agnès de Vaudreuil, qui apparaît à la fin de l’extrait et semble présenter des caractéristiques viriles sans renoncer à sa féminité, est-il représentatif des autres femmes de votre roman ? (Laurence G., Sceaux)

Agnès est une héroïne : elle jouit donc de qualités exceptionnelles. Les autres personnages féminins sont sans doute moins gâtés. Mais je n’aborde pas différemment les personnages masculins et féminins. J’essaie de leur attribuer à tous une même vérité et une même complexité psychologique. Je remarque au passage que la littérature de cape et d’épée abonde en personnages féminins forts : on est souvent loin de l’ingénue à secourir.

Ce roman de SF est-il à proposer à une classe de lycée en particulier ? Par ailleurs, quels retours avez-vous eu des lycéens quant au dosage "fiction-histoire" ? Pas de confusion possible ? Merci et bravo pour le Prix Imaginales ! (Isabelle F., Ronchin)

D’abord, merci. Ensuite, les lecteurs de tout âge font très bien la part des choses. Je me suis refusé à indiquer, par des artifices, ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas dans mon roman. Pour autant, le lecteur s’y retrouve très bien. Mais à y bien réfléchir, un des plaisirs de lecture n’est-il pas, le temps d’un livre, de croire autant au cardinal de Richelieu qu’aux dragons ? Et d’imaginer sans mal que l’un a rencontré les autres ?

Présentation du livre

1633, sous le règne de Louis XIII. Le Cardinal de Richelieu veille à la bonne marche du royaume de France, de plus en plus menacé par l’Espagne et ses nouveaux alliés : les dragons. Or à situation exceptionnelle, moyens exceptionnels : le Cardinal se voit contraint de faire appel à une compagnie d’élite qu’il avait lui-même dissoute. Sous le commandement du capitaine La Fargue, les bretteurs les plus vaillants et les plus intrépides que possède le royaume sont ainsi réunis pour former à nouveau les redoutables Lames du Cardinal.

Prix Imaginales des lycéens 2009. À paraître le 31 janvier 2013

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Revue de presse

«La fantasy emprunte parfois les voies du roman de cape et d'épée. Mais il fallait un passionné d'Alexandre Dumas pour réussir à la perfection − c'est-à-dire avec panache − cet hybride cavalcadant.» Le Monde

«Un ajout de valeur à vos rayonnages. L'idée d'emprunter l'univers de Dumas est brillante et la reconstitution du Paris du XVIIe siècle est impressionnante. » SFX

«Cocktail de fantasy épique et de roman de cape et d'épée, ce roman à l'efficacité redoutable offre des intrigues multiples et des dialogues qui claquent. » Jeu de rôle magazine

Biographie de l'auteur

Né en 1968, Pierre Pevel débute l’écriture, dans les années 1990, par la scénarisation et la création de jeux de rôles, avant d’adapter en romans, sous pseudonyme, un de ces univers ludiques. Dès 2001, il publie, sous son propre nom, le premier roman de La trilogie de Wielstadt, qui sera récompensé par le Grand Prix de l’Imaginaire. Suivront une petite dizaine de romans dont, aux Éditions Bragelonne, Les Lames du Cardinal.