Les milliers de perles lactées du nuage de lait se mêlent et s'évanouissent dans le bouillon clair en virevoltant gracieusement. Soudain la tempête se calme dans le bol et invite à porter le délicieux breuvage à ses lèvres. Frémissante et frêle feuille,
la peau du bol de lait flotte
comme un nénuphar.
Un modeste haïku pour exprimer mon immaculée addiction pour le lait… Cette forme poétique japonaise évoque un instant fugace, lié le plus souvent à la nature et aux saisons, en quelques mots et plus précisément selon les puristes, dix-sept syllabes réparties en trois vers, une musique des mots qui se rythment en cinq pieds, sept pieds et cinq pieds.
Ah, la peau de lait! Après avoir fait frémir quelques instants sans ébullition le lait cru, l'avoir patiemment laisser reposer une nuit au réfrigérateur, je récupère la peau de lait avec l'écumoire en imitant le paludier dans sa précieuse récolte de fleur de sel. Tous les goûts semblent concentrés dans cette matière fripée, des notes de crèmes, de beurre et parfois de fromage frais selon la provenance du lait, la saison de traite et la nourriture des vaches.