Elle est une leçon de cuisine à elle seule. Elle requiert sagacité, habileté, savoir-faire. Elle apprend à choisir les ingrédients qui vont se marier, à trier, éplucher, laver, hacher menu, assaisonner, amalgamer, goûter, façonner, rouler, enrober, frire, égoutter, accommoder… Elle demande du temps, de la patience, beaucoup de patience.
La boulette, c'est l'alpha et l'oméga de la cuisine, l'universel et le particulier, ce qui nous ressemble et ce qui nous distingue, l'essence et la quintessence de la cuisine… Où que l'on se trouve sur cette planète, que l'on soit pauvre ou riche, on s'est un jour soucié de cuisiner des restes ou d'inventer une autre manière d'accommoder les ingrédients habituels. La boulette est partout, une sorte d'intuition universelle. La boulette… Tout un monde: croqueta, albondiga, fricadelle, fritelle, picoulade, kefte, kefta, kneidel, kebbe… Et tous leurs alliés, pâtés et terrines, farces et farcis, hachés et hachis. La boulette, elle est arrondie, elle est régressive, maternelle, unique… Le défi? Régaler avec trois fois rien, une vraie prouesse en cuisine. Une cuisine du fin fond des souvenirs et du temps. Un temps qui ne connaissait ni hachoir, ni robot… La boulette se mérite.