«Cioran avait vingt ans. Vingt ans quand il publiait dans les jounaux roumains, en 1931, les premiers articles qu'on trouvera dans ce recueil. Grand dévoreur de philosophes allemands, il jargonnait un peu à leur manière, mais, quels que soient les sujets abordés, il s'interrogeait - avec quelle maturité pour son âge ! - sur la condition humaine et il en reculait les frontières. Déjà, le Cioran que l'on connaîtra par la suite en France commençait à s'annoncer là : considérations paradoxales, éclairage inattendu des questions traitées, jeu de massacre avec les idées reçues. Amertume et dérision...
Déjà, son pessimisme foncier étouffait les rares élans porteurs d'espoir, car "y a-t-il sur cette terre quelque chose qui ne puisse pas être remis en question ? Vraiment, Dieu est trop loin."
Cioran d'avant, pour mieux comprendre Cioran d'après.»
Alain Paruit.