En 1960 et 1961, Jean Cocteau a fort à faire : être attentif à l'achèvement et à la réception de ses œuvres (Le Testament d'Orphée, L'Aigle à deux têtes, Cher menteur, Le Requiem, les deux chapelles décorées à Milly et à Londres) ; suivre la polémique autour du titre de prince des poètes ou encore l'histoire à rebondissement de la cravate ; de nombreux voyages (en Andalousie, en Suède et en Pologne) ; ses relations tendues avec Picasso, etc. Mais on ne veut retenir au terme de ces deux années que la volonté d'un poète d'être présent dans son siècle, qui s'insurge contre la montée de l'antisémitisme et du racisme, qui prend parti pour le oui au référendum lancé par le général de Gaulle et condamne le putsch d'Alger.
«Le Passé défini ou à cœur ouvert», c'est bien ce sentiment d'un cœur ouvert qui domine à la lecture de ce journal où le poète parle, sans retenue, de sa santé, de ses goûts en matière artistique ou littéraire, de ses choix politiques et même de ses préférences dans le domaine sexuel. Il ouvre aussi largement son cœur parce qu'il sait que la publication posthume du passé défini lui assure l'impunité et le met à l'abri de critiques qui ne manqueraient pas de l'atteindre de son vivant.