Depuis sa première pièce, en 1957, Harold Pinter s'est imposé au premier rang des dramaturges anglais, et sa notoriété s'est étendue au monde entier.
Il a écrit plus d'une trentaine de pièces, qui marquent une extraordinaire constance dans son évolution créatrice. Elles englobent toutes les mêmes ingrédients de base : l'absurde, l'humour, l'affrontement dominant-dominé, l'économie d'un langage étincelant, tantôt picaresque, tantôt lyrique... et, surtout, la dénonciation (feutrée au début, véhémente depuis une dizaine d'années) des totalitarismes, qu'ils soient domestiques ou planétaires, intellectuels, sociaux ou politiques, qui broient l'homme sous le poids de périls connus ou insidieux.
Dans sa vie comme dans son œuvre, Pinter est depuis toujours un militant de la cause de l'homme. L'écrivain et le citoyen ne font qu'un. Graduellement, le ton s'est fait plus grave, plus urgent, même si affleurent toujours le rire, la jubilation des mots, et un jeu de bascule vertigineux entre réalisme et abstraction. On en verra la preuve dans ces toutes dernières œuvres, des brûlots politiques et libertaires qui, sous le masque des jeux de théâtre, traquent les tortionnaires, sous quelques cieux qu'ils opèrent.
Éric Kahane.