Véra, la narratrice, se tourne vers son passé et s'interroge. Enfant unique, fille d'une mère despotique, elle connaît toutes les affres de
l'enfant martyre. Sa mère la punit de fessée dès qu'elle ne répond plus à un idéal de perfection. Dans cette éducation à coups de trique,
les voluptés du supplice constituent le succédané de la frustration sentimentale et le revers de la solitude affective.
L'éducation de Véra est une longue, méthodique et rigoureuse correction (l'antithèse exacte du laxisme qui prévaudra par la suite). Pour le bien de l'intéressée, évidemment. Par la pédagogie de la raclée, l'enfant, la famille atteindront leur but ultime : l'élévation sociale. Car aucun sacrifice n'est assez grand pour sortir de la condition ouvrière et pénétrer dans «les milieux bien». «Nous sommes une nation d'enfants battus», constate la narratrice.
Ce roman éducatif d'un genre particulier, d'une force et d'une âpreté peu communes, a obtenu un grand succès à sa parution. Son auteur y a certainement mis beaucoup de son expérience personnelle.