Louche médecin à Lavanda, Medina doit vite abandonner ses activités. Sous la férule de Frieda von Kliestein et du douteux marchand de tableaux Carve-Blanco, il revient à sa vocation première : la peinture. Il exécute des portraits et des nus, notamment d'Olga et de Juanina, deux femmes fascinantes dont il a fait ses maîtresses, quoiqu'il entretienne depuis toujours avec Frieda une liaison violente, cruelle, mais, finalement, constante. Puis Medina quitte Lavanda et le monde foisonnant et ambigu qu'il y avait fréquenté. Il renonce à son art, retourne à Santa María, «sa» ville, dont il a gardé la nostalgie, pour y exercer de nouveau le métier de commissaire, tandis que Frieda, qui l'a suivi, y devient chanteuse de beuglant. Avec eux, encore, Seoane, jeune alcoolique et drogué qui est peut-être un fils naturel de Medina et dont Frieda a fait son amant, par jeu. Un jeu qui s'achèvera dans la tragédie.
On ne peut sans doute brosser d'univers plus grouillant d'anecdotes et de personnages, ni plus vivant, plus humain, que celui mis en scène ici par Onetti. Et, si ce monde est interlope et ses fins désastreuses, du moins son auteur lui confère-t-il une singulière et ténébreuse beauté, tout entière à l'image de Santa María, la ville douteuse et corrompue, mais superbe, qu'Onetti a construite pour son cycle romanesque, et qui en est comme le protagoniste principal.