On connaît Babel romancier et nouvelliste, on connaît Babel auteur de théâtre, on ne le connaît pas scénariste.
Grand ami d'Eisenstein, il conçut plusieurs projets avec lui, mais les aléas ordinaires du métier d'une part, et les blocages de l'appareil de l'autre, firent que la réalisation tomba entre les mains de médiocrités.
Démolis par la critique ou dispersés par la censure, aucun de ces
films n'a survécu. Et pourtant...
Les quatre textes qu'on lira ici, si totalement différents les uns des autres, en version «de lecture», c'est-à-dire véritables nouvelles adaptées par l'auteur à partir du texte technique destiné au tournage, pourraient, aujourd'hui encore, inspirer plus d'un cinéaste.
On sera frappé par la diversité des sujets, des manières, du ton psychologique, qui donne une dimension particulière à chaque sourire d'un auteur que n'abandonnèrent jamais son ironie vitale et sa générosité.
Isaac Babel disparut dans la nuit stalinienne en mai 1939, moins d'un mois après avoir remis le dernier scénario, 4, Vieille Place, au comité de censure.