L'œuvre poétique d'Enzensberger n'est pas encore très volumineuse, mais elle est d'une qualité telle que d'éminents critiques allemands la comparent à celle de Brecht et de Heine. Défense des loups présente une variété de poèmes que l'on peut qualifier de «plaisants», «tristes» et «déplaisants». C'est le meilleur de ses poèmes «déplaisants» qui a donné son titre à l'ensemble : Défense des loups contre les agneaux qui découragent leurs ennemis par leur paresse d'esprit et préfèrent laisser les loups penser et agir pour eux. Enzensberger sape à la racine les puissances établies sur le mensonge, il dénonce la veulerie des «mous», le monstrueux abus de confiance dont périra l'humanité.
Parler allemand est un recueil d'une quarantaine de poèmes qui témoignent d'un don verbal et d'une virtuosité éblouissante. Poésie par le souffle et par le rythme, mais aussi harangue ironique et mise en accusation corrosive de la médiocrité et de la peur.
Après cette vision amère d'un monde qui va à sa perte, nous trouvons dans Écrit en braille l'apaisement d'une poésie mélancolique et souriante, après de sombres éclats, des visions familières pleines de charme et d'esprit.