Au III<sup>e</sup> siècle av. J.-C., à Alexandrie, la Bible est traduite en grec. Cette traduction de la Torah remplit «cinq rouleaux» - le pentateuque en grec. La légende l'attribue à soixante-dix traducteurs, ou soixante-douze : six anciens de chaque tribu. Ces «Septante» sont les représentants d'une double culture : maîtres dans les études bibliques, ils sont aussi familiers des lettres grecques. C'est en soi un événement extraordinaire.
Destinée à présenter le judaïsme aux non-Juifs et à le légitimer par son ancienneté, cette version grecque, considérée alors comme vérité révélée à l'égal de l'original, est d'abord lue par les Juifs de la Diaspora hellénophone. Ainsi Paul, un juif de Cilicie, l'utilise exclusivement dans ses épîtres, bien qu'il ait été formé à Jérusalem ; de même, dans le Nouveau Testament, les citations de l'Ancien Testament sont, pour la plupart, conformes au texte de la Septante. Peut-être utilisée dans les «maisons de prière» où avaient lieu les assemblées des Juifs, la Septante eut une influence considérable et fut reçue par le christianisme ancien comme «divinement inspirée».