L'histoire semble aller de soi. Depuis Hérodote, elle est une affaire d'œil et de vision. Voir et dire, écrire ce qui s'est passé, le réfléchir comme un miroir : tels ont été quelques-uns des problèmes constituant l'ordinaire de l'historien.
Les nombreuses reformulations modernes ont poursuivi ce travail sur la frontière du visible et de l'invisible, avec l'ambition de parvenir à la vue réelle des choses, en voyant plus loin et plus profond. Mais, avec la fin du XX<sup>e</sup> siècle et la domination du présent, cette forte évidence de l'histoire est mise en question. Quel rôle revient désormais à l'historien face au «défi narrativiste», à la montée du témoin, à celle du juge, et alors même que mémoire et patrimoine sont devenus des évidences?