«Si je devais venir en tant que malade, je vous avoue que je viendrais sans enthousiasme. Mais venir en touriste, c'est autre chose.» Ainsi Giovanni Corte, industriel important et toujours pressé, consent-il à pénétrer dans la clinique du mystérieux professeur Schroeder. Admis au dernier étage, celui des cas bénins, il va devoir, pour des raisons diverses, descendre progressivement aux étages inférieurs. Le mal dont il souffre évoque celui d'Ivan Illitch, le héros de Tolstoï ; les médecins ont des traits du docteur Knock de Jules Romains ; la clinique elle-même pourrait avoir été conçue par Kafka. L'absurde est-il ici la somme des petites absurdités de l'existence, qui prêtent à sourire, ou le nom dont on désigne l'énigme de la mort?
Auteur célèbre du Désert des Tartares, Dino Buzzati était moins connu comme dramaturge. Dans Un caso clinico, Camus a trouvé un écho à la pensée dont il avait nourri treize ans plus tôt Le Mythe de Sisyphe et L'Étranger. L'adaptation qu'il propose de la «comédie» de Buzzati côtoie aussi parfois les tentatives contemporaines du théâtre de l'absurde ; mais il était d'une inspiration trop classique et trop grave pour y succomber tout à fait.