Décembre 2007. Au soir des vœux télévisés, Nicolas Sarkozy promet aux Français de placer sa présidence sous le signe d'une «politique de civilisation». Coauteur avec Edgar Morin du livre dans lequel le président prétend avoir trouvé son inspiration (Une politique de civilisation), Sami Naïr rappelle ici le sens de cette formule, et l'oppose point à point à l'idéologie conservatrice, au confessionnalisme occidentaliste, à la pratique libérale inégalitaire incarnés par le président Sarkozy. Soulignant nombre de désaccords fondamentaux – sur les notions de laïcité et d'universalité, sur la politique sociale, la politique internationale, la politique d'immigration –, Sami Naïr s'interroge sur la signification du «sarkozysme», conception postmoderniste de style américain qui rompt avec l'héritage gaulliste comme avec la tradition républicaine. On ne saurait fonder une politique de civilisation sur ce qui est, en réalité, une opération de privatisation du lien social.