Henri Calet est mort en 1956, à l’âge de cinquante-deux ans, d’une crise cardiaque. Peau d’Ours est le recueil des notes qu’il avait prises de 1951 à sa mort, en vue d’un roman qu’il n’eut pas le temps d’écrire et qui devait porter ce titre.
« À la mort de Calet, Peau d’Ours se composait d’un amas de papiers de différente nature », écrit l’amie à qui il les avait remis en murmurant : « C’est ce que j’ai de plus précieux. » Ce dossier contenait « un nombre important de petites feuilles de toutes dimensions, sur lesquelles Calet avait noté ses réflexions, ses observations, et aussi ses amusements et ses chagrins ». On y trouvait également des lettres et quelques articles, et enfin « un relevé de ses agendas depuis la fin de l’année 1949 – document très révélateur de la façon dont Calet s’inspirait, dans ses romans, de sa vie intime ». Il avait commencé à classer par personnages une partie de ces feuillets… Ne disait-il pas lui-même que son œuvre était « une sorte d’herbier où je place, j’insère des personnages entrevus, séchés » ?
« Calet disparu, que faire de ce projet de roman ?… Le souffle discret de ce dur combat avec la vie, puis avec la mort, méritait d’être entendu… Ces pages, dans leur nudité qui laisse apparaître le grain même de la vie, ont semblé à quelques-uns d’une signification irremplaçable. »
Irremplaçable : voilà exactement le mot qui vient à l’esprit en lisant ce livre. Personne d’autre que Calet ne pouvait dire ces choses, grandes ou petites, d’une manière plus simple, ni plus bouleversante. Et nulle part Calet n’a peut-être imposé plus fermement la personnalité de son art que dans cette Peau d’Ours, au titre si tragiquement prophétique.