Paru en 1910, le William Blake de Chesterton fait partie de la série de biographies littéraires qu’il consacra à des figures aussi diverses que Charles Dickens, Robert Browning ou Robert Louis Stevenson. Elle est l’une des premières au XX<sup>e</sup> siècle, après celle que lui dédia Gilchrist en 1863, à proposer une réévaluation de l’auteur des Chants d’innocence et d’expérience.
Au centre du livre se pose la question du génie – ou de la folie – de Blake, et le fait de savoir si sa supposée «maladie mentale» limite son œuvre aux marges du bizarre ou si son excentricité n’est, au contraire, que l’à-côté d’une œuvre singulière et unique («Les critiques prétendent que ses visions étaient fausses parce qu’il était fou. Je dis, moi, qu’il était fou parce que ses visions étaient réelles.»).
Prenant appui sur l’intérêt de Blake pour Swedenborg et l’occultisme, Chesterton trace aussi le tableau d’un XVIII<sup>e</sup> siècle secret et situe l’œuvre picturale et mystique de Blake dans un contexte littéraire et artistique encore largement méconnu.