Virginia Woolf écrit dans Orlando : «Écrire de la poésie, n'est-ce pas une transaction secrète, une voix répondant à une autre voix?» C'est comprendre la poésie comme une attention à ce qui semble une parole dite par le monde, et la recherche de la traduction la
plus juste de cette parole, plus ou moins forte et plus ou moins cachée.
Dans ce recueil de textes critiques dont le plus ancien remonte à 1954, le plus récent datant de 1986, il y a une écoute, non plus de cette parole du monde, mais de la voix poétique elle-même, telle qu'elle a tenté cette traduction chez Scève ou Gongora, Hölderlin ou Novalis, Ungaretti ou Rilke, chez des prosateurs tels que Senancour, Paulhan ou Dhôtel, ou chez des poètes contemporains, de Ponge à Bonnefoy.
De bout en bout, cette écoute est celle d'un poète pour qui écrire de la poésie, en lire ou en faire lire, ne saurait être qu'ouvrir un dialogue aussi vrai que possible dans un monde comme aéré par lui.