O. V. de L. Milosz : un nom qui semble une formule pour initiés. Qui est Oscar Vladislas de Lubicz Milosz (1877-1939) ? Auteur des milliers de vers des Sept Solitudes (1906) et des Éléments (1911) ; amoureux malheureux livrant « l’abîme du cœur » dans son roman L’Amoureuse Initiation (1910) ; créateur lyrique inspiré des chefs-d’œuvre dramatiques Miguel Mañara (publié à la NRF), Méphiboseth (créé à l’Odéon) et Saul de Tarse ; écrivain touché, fin 1914, par les révélations du « soleil spirituel », qu’il consigne dans sa métaphysique des origines Ars Magna (1924) et glorifie dans le poème-testament « Psaume de l’Étoile du matin » (1936)…, Milosz est une voix singulière dans le paysage littéraire français.
Né sujet russe à Czereïa, en Lituanie historique, d’un père officier de l’armée du tsar et d’une mère juive polonaise, Milosz s’installe en France avec ses parents en 1889, après une enfance dans le grand domaine ancestral. Diplomate polyglotte le jour, poète la nuit, il transcrit des contes populaires du pays et obtient la reconnaissance de la Lituanie en 1921. Il fréquente très jeune les cercles littéraires parisiens autour de Jean Moréas et ses œuvres sont saluées par Apollinaire, Paul Valéry, André Gide, Jules Supervielle…
Dès ses débuts, on devine dans son lyrisme une quête spirituelle nourrie d’études hébraïques et philosophiques. Si la reconnaissance du milieu littéraire est là, Milosz tient à s’en préserver le plus possible. Tel un ascète aux allures franciscaines, le roi solitaire rend son dernier souffle en poursuivant un oiseau, et nous lègue une œuvre unique, magistralement poétique.