L’essence du christianisme a frappé d’un « coup de tonnerre » philosophique le monde des intellectuels révolutionnaires « jeunes-hégéliens » allemands : « Nous fûmes tous feuerbachiens » (Engels). [...] L’essence du christianisme n’a rien perdu de sa force révélatrice. Les philosophes seront frappés de découvrir dans ce livre des problèmes, des principes, des formules et des catégories philosophiques qui sont au coeur même de la pensée contemporaine.
On constatera avec quelle étonnante profondeur Feuerbach annonce et devance, à un titre ou un autre, par contraste ou parenté, Marx, Nietzsche, Freud, Husserl, certains thèmes de Heidegger, Barth et la théologie récente, etc.
L’essence du christianisme est, aujourd’hui encore, un ouvrage scandaleux. Car il porte sur la religion chrétienne et divise les hommes. Il oblige à se prononcer sur ce qui est sans doute la question cruciale de la philosophie contemporaine : pour une philosophie religieuse, OU pour une philosophie consciemment et rigoureusement antireligieuse.
Louis Althusser