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Daniel Pennac

À l'occasion de la parution du nouveau roman de Daniel Pennac, «Le cas Malaussène I. Ils m'ont menti», dans la collection Blanche, découvrez notre entretien avec l'auteur de la saga Malaussène.



Au sommaire : l'interview - la saga en Folio

L'interview de Daniel Pennac

Dans Le cas Malaussène I. Ils m'ont menti, vous faites revivre les personnages de vos premiers romans. Pourquoi ce choix ?

J’ai éprouvé l’envie de retrouver l’écriture malaussénienne. Et qui dit écriture malaussénienne dit Malaussène, et donc retrouvailles avec les épisodes précédents…

Vous vous adressez ici aussi bien aux adeptes de la saga Malaussène qu’à de nouveaux lecteurs. Fut-ce un exercice délicat ?

L’exercice fut non pas délicat mais assez périlleux, à cause du nombre élevé de personnages. C’est la raison pour laquelle j’ai ajouté un index. Je regrette toutefois aujourd’hui de l’avoir mis à la fin et non au début du roman, où il aurait été plus facile à consulter.

Il y a toute une poétique des noms dans la saga : Verdun, Maracuja, Tuc ou Lapièta… D’où vous viennent ces surnoms parfois surprenants ?

Comme vous le dites, c’est une poétique. Les noms, ce sont les petits espaces du roman où l’auteur peut se permettre de poétiser. Et puis évidemment, chaque nom est lié à des circonstances données. Verdun est née le jour de la mort d’un vieux citoyen de Belleville que les Malaussène surnommaient Verdun. Maracuja signifie fruit de la passion. Or elle est un fruit de la passion. Tuc signifie « travail d’utilité collective », loi qu’a fait voter Lapièta quand il était ministre. Ce dernier a donc décidé de surnommer Tuc ce gosse qui rend service à tout le monde. Ça l’a fait rigoler !

En septembre 2016, le thème de la ville a fait son entrée dans les programmes du collège, en classe 4e. Lieu de tous les possibles, Belleville était le cadre privilégié de votre première série. Pourquoi ce quartier de Paris en particulier ? Et pourquoi vos personnages semblent-ils l’avoir déserté aujourd’hui ?

En 1969, j’ai débarqué à Paris dans le Quartier latin, rue Henri Barbusse. Très vite, en quelques jours même, j’en ai eu marre d’avoir le sentiment de me croiser moi-même dans la rue. J’ai donc émigré à Belleville, où un ami libérait un appartement. Belleville est un quartier normal, avec beaucoup d’activités, des manufactures, des ateliers, un marché magnifique et aussi toutes les populations possibles et imaginables. C’était la vie en somme ! Comme le dit Malaussène, c’est la géographie réduite par l’histoire à un petit quartier. C’est une planète miniature ! Malaussène n’a pas déserté Belleville (même s’il fout le camp régulièrement dans le Vercors), pas plus que la tribu, mais moi oui ! À partir du milieu des années 1980, je me suis mis à fréquenter le Vercors, qui est le contraire même de Belleville. C’est la solitude totale. J’avais absolument besoin de cette solitude et de ce silence, autant que j’ai besoin de la vie tribale et des bruits de la rue.

L’enquête policière, ici sur l’enlèvement d’un haut dirigeant, est toujours au cœur de vos romans. Pourtant, la saga Malaussène ne semble pas pouvoir être stricto sensu qualifiée de série policière. Dans quel genre littéraire la classez-vous ?

Ce sont bien des polars ! J’ai commencé à la Série noire, chez Gallimard. Mes romans ont toujours été des romans noirs. Le fait que je passe ensuite dans la Blanche n’a rien changé à la définition première du genre, pour moi. Ce sont des romans noirs pour ce qui regarde l’intrigue, et de la littérature pour le reste.

Skype et les moyens de communication modernes sont très présents dans Le cas Malaussène I. Dans ce contexte d’hyperconnexion, quels conseils donneriez-vous pour inciter les jeunes à lire davantage ?

Pour être branchés, débranchez-vous les enfants ! En fait, les jeunes peuvent se débrancher pour lire. Ou ils peuvent lire en étant branchés. Ou encore se débrancher et ne pas lire ! Ils ont toutes les latitudes possibles et imaginables. Quand j’ai commencé à enseigner en 1969, la première chose que j’ai entendue, c’est : « ils ne lisent plus ! ». Personne ne se posait la question de savoir par rapport à quand et à qui. La crise de la lecture est une crise permanente. Mon conseil est donc : n’ayez pas peur de lire, on ne va pas vous évaluer !

Propos recueillis par le Cercle Gallimard de l’enseignement

En savoir plus sur Le cas Malaussène I. Ils m'ont menti.

Toute la saga Malaussène dans la collection Folio