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Dossiers thématiques

La science-fiction

De nos jours encore, la science-fiction est bien souvent considérée comme un genre mineur. Si le roman policier est devenu un genre fréquentable, la science-fiction reste souvent à l'écart des programmes de l'Éducation nationale. Et pourtant, n'est-elle pas en prise directe avec le monde moderne dans lequel nous vivons ? Où trouve-t-on un meilleur écho des interrogations actuelles, qu’elles soient techniques, scientifiques ou morales ? Après les voyages dans l'espace et la découverte d'autres planètes, les dénonciations de la guerre froide et des possibles abus politiques, la SF est le lieu de projections liées aux nouvelles possibilités qu'offrent le clonage, les manipulations génétiques et la création d'êtres artificiels. Bien souvent, elle est même en avance sur son époque.

Cette emprise sur le monde actuel et les thèmes qu'elle aborde donne de fait à la SF une place de choix dans l'enseignement d'exploration « Littérature et société » en classe de Seconde. Découvrez quelques pistes pédagogiques pour l’étude de classiques de la SF, mais aussi d'œuvres plus contemporaines.

La science à la base de la fiction

Objet d’étude : «Littérature et société > l'écrivain et les grands débats de société»

Frankenstein, de Mary Shelley

Frankenstein

Le roman de Mary Shelley est souvent considéré comme le premier roman de science-fiction. La science y occupe une place de choix : c'est elle qui permet la création d'un être artificiel, d'une créature sans nom que l'on identifie souvent à tort avec son créateur, le docteur Frankenstein. Mais le savant, horrifié par ce qu'il a osé faire, fuit ses responsabilités et abandonne son oeuvre, transformant sa créature en un monstre criminel.

C'est dire si l'œuvre peut nous intéresser dans le cadre d'une interrogation sur les pouvoirs de la science et sur l'aspect bénéfique ou inquiétant des progrès scientifiques et technologiques. On trouvera dans ce roman le récit littéraire d'une expérience scientifique : comment raconter une expérience scientifique et ses différentes étapes ? Comment l'aspect scientifique est-il intégré à une oeuvre littéraire ? On pourra aussi étudier la figure du savant (Frankenstein) et ses états d'âme : le savant peut-il ouvrir des portes sur un monde qu'il ne maîtrise pas ? Comment peut-il assumer cette responsabilité dans laquelle il engage lui-même mais aussi toute la société ? Enfin on trouvera dans le roman des arguments et des exemples pour enrichir un débat sur le progrès et la recherche scientifique.

Frankenstein, de Mary Shelley, existe aussi dans la collection Folio SF.

En complément :

L'île du docteur Moreau, de H.G. Wells

Sur une île des mers du Sud vit un inquiétant scientifique, le docteur Moreau. Sa spécialité ? La création d'êtres hybrides, mi-hommes mi-animaux, dans le but de comprendre ce qui fait la nature de l'homme. Le savant est ici encore dépassé par ses créations et la partie dangereuse de l'animal devient vite dominante. L'étude de ce livre recouvre les mêmes thématiques (pouvoirs et devoirs du savant, science et littérature) et pose la question des rapports entre l'humain et l'animal.

D'autres univers

Objet d’étude «Littérature et société > regard sur l'autre et sur l'ailleurs»

Canisse, d’Olivier Bleys

Canisse

La science-fiction évoque souvent d'autres mondes, dans le futur ou dans l'espace. Le planet-opera en est l'un des sous-genres. Pour fêter les 10 ans de la collection Folio SF, Olivier Bleys a publié un roman inédit, Canisse, dans lequel il imagine un univers étrange : une planète mouvante où les marées sont acides, les tempêtes dévastatrices et les animaux menaçants. On y trouve le plus grand poisson jamais vu, le mégathalos, recherché par les braconniers. C'est pour tenter de l'apercevoir que Xhan part en expédition sur Canisse. Son voyage le conduira à faire différentes rencontres et à observer un monde nouveau.

Le roman pourra être l'occasion d'un travail sur la description et le portrait. Le regard porté sur les Canissiens, peuple jugé primitif, conduira à s'interroger sur le relativisme des sociétés et pourra être rapproché des récits de voyage de différentes époques, depuis les grandes découvertes jusqu'à nos jours. On pourra aussi faire chercher des arguments sur les atouts et les inconvénients des différents groupes sociaux tels qu'ils sont représentés : la société primitive de Asaibi, Goël et Dorâm ; la société moderne dont est issu Xhan et qui le rejette du fait de son âge et de sa maladie (maître Opim, Moox) ; la société secrète des braconniers (Iolanna et Gurban).

En complément :

Chroniques martiennes, de Ray Bradbury

Chroniques martiennes

On ne présente plus le recueil de nouvelles de Ray Bradbury. Les nouvelles, classées par date (de janvier 2030 à octobre 2057), évoquent différents épisodes de l'arrivée de Terriens sur Mars. L'ensemble forme cependant une véritable histoire, celle des premiers colons terriens sur cette planète. La confrontation des deux univers et des deux modes de vie permet de s'interroger sur la valeur de nos habitudes, sur la « normalité » de ce qui nous semble naturel mais ne l'est pas forcément. Le style onirique et poétique propre à Bradbury a déjà permis à ce recueil, pourtant clairement situé dans le domaine de la SF, de figurer parmi les œuvres contemporaines devenues des classiques de la littérature mondiale.

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Un peu d'humour

Objet d’étude : «Littérature et société > regard sur l'autre et sur l'ailleurs»

Martiens go home, de Fredric Brown

Martiens, go home!

Luke Devereaux, écrivain de science-fiction, s'est retiré en plein désert californien pour y chercher le sujet de son prochain roman. Il reçoit la visite d’un petit homme vert venu d’ailleurs. Ce dernier n’est pas tout seul : un milliard de Martiens a débarqué sur Terre. Une nouvelle vie commence avec ces visiteurs indiscrets. Très vite, l’anarchie s’installe sur la planète.

On pourra montrer comment Fredric Brown manie l’humour et joue avec les stéréotypes de la science-fiction des années cinquante qu’il prend à contre-pied : les Martiens sont bien les fameux petits hommes verts, mais c’est tout ! Ils n’ont pas d’engins spatiaux sophistiqués et se déplacent par la simple force de leur pensée. Ils ont aussi la capacité de voir à travers les surfaces opaques et peuvent se dématérialiser à volonté. Ils ne sont ni belliqueux ni bienveillants mais désagréables et méprisants à l’égard des Terriens qu’ils considèrent comme une civilisation sans intérêt. Ils sont omniprésents et se montrent très curieux des activités humaines. S’en suit une série de situations catastrophiques et réjouissantes. Ce roman offre aussi par le biais du comique une vision très sévère de la société américaine de l’époque : critique de la religion, du mercantilisme, du militarisme et la conquête spatiale.

En complément :

Le guide du voyageur galactique

Le guide du voyageur galactique, de Douglas Adams
Ce roman de Douglas Adams est à l’origine une émission de radio devenue culte en Grande-Bretagne. Il raconte les aventures loufoques et désopilantes de Ford Perfect, un extra-terrestre et Arthur Dent, un des derniers humains, dans leurs pérégrinations à travers l’espace pour rédiger la nouvelle édition du guide du voyageur intergalactique. Le roman contient d’ailleurs de nombreux articles du dit guide. Les héros, et les lecteurs, feront connaissance entre autres avec la poésie Vogone, le générateur d’improbabilité, un robot dépressif, d’autres robots équipés du dispositif PHV (personnalité humaine véritable), etc. Cette parodie des romans de science-fiction ravira ses amateurs puisqu’elle s’étend sur cinq volumes.

L'oreille interne

L'oreille interne, de Robert Silverberg
La transmission de pensée est un des thèmes les plus rebattus de la SF. Dans l’Oreille interne, Robert Silverberg le traite de façon très originale. David Selig est un personnage a priori banal : il a la quarantaine, vit à New-York où il mène une existence ordinaire et gagne sa vie en rédigeant des dissertations pour les étudiants. Pourtant, il possède un don très rare, il est capable de lire dans les pensées des gens. Silverberg va exploiter avec beaucoup d’imagination et un humour plutôt décapant les possibilités romanesques du don télépathique de son héros pour écrire un roman subtil et délirant.

A la frontière des genres

Objet d’étude : «Littérature et société > l'aventure du livre et de l'écrit»

Je suis une légende, de Richard Matheson

Je suis une légende

Robert Neville est seul. Un terrible virus a contraint les hommes, après leur mort, à se nourrir de sang et à fuir la lumière du jour. Lui est le dernier survivant de cette épidémie. La nuit venue, pour échapper aux attaques des autres habitants, ses anciens voisins, devenus désormais de véritables vampires et qui cherchent à l’éliminer, il se réfugie dans sa maison qu’il a transformée en forteresse. Chaque nuit qui commence est un nouveau cauchemar pour lui, une course contre la montre jusqu’au lever du soleil, signe de son salut.

Pour son premier roman, Richard Matheson réussit un coup de maître. Son personnage d’humain pris dans ses doutes et ses angoisses est extrêmement attachant. Pourtant, ce qui fait l’originalité et l’intérêt de son roman est qu’il se situe à la frontière du récit vampirique et du récit de science-fiction. Le thème du vampire est classique, mais Matheson le réactive de façon originale en y portant un regard moderne, celui de la science-fiction. On se demandera de quelle façon. Par exemple, Robert Neville abandonne l’irrationnel des croyances et les remèdes contre les vampires et essaye de comprendre scientifiquement l’évolution de l’épidémie et les moyens de lutter contre elle. En fait, Matheson renouvelle tout à la fois le récit de vampire et le récit de science-fiction. Enfin, on pourra étudier dans cette œuvre la manière dont le mythe est renversé. Ici, la créature fantastique et mythique n’est plus le vampire, mais l’homme élevé au rang de légende vivante.

En complément :

Les racines du mal, de Maurice G.Dantec

Le second et très réussi roman de Maurice G. Dantec se situe lui aussi à une frontière, celle qui sépare le polar et la science fiction. Les cent premières pages qui adoptent le point de vue d’un tueur en série justifient pleinement la publication du roman dans la prestigieuse collection policière de la « Série Noire ». Après l’arrestation du criminel, l’enquête qui suit est réalisée avec le concours de la « Neuromatrice », un ordinateur d’un genre nouveau, qui reproduit pratiquement l’architecture du cerveau humain. Cet objet du futur va permettre de "reconstruire" une image de la personnalité du tueur et aider l’enquêteur. On est toujours dans le polar, mais on est en même temps dans une science-fiction extrêmement crédible puisque l’action de ce roman se déroule dans un futur proche où les progrès technologiques font évoluer la société.

Dossier réalisé par Marianne et Stéphane Chomienne.

Voir également le dossier thématique Science-fiction pour les classes de première.