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Gallimard Date de parution : 21/01/2010 Code SODIS : A12726 ISBN : 9782070127269 140 x 225 mm
Couverture Propos oisifs sous la tonnelle aux haricots ()
Prix : 28.4 € 448 pages
Propos oisifs sous la tonnelle aux haricots

De : Aina jushi
Traduit (chinois) par Claire Lebeaupin
Présentation et annotations de la traductrice
Connaissance de l'Orient - N° 119
chinoise
Genre littéraire : Contes et légendes

Un été près de Hangzhou... Un homme seul, cloîtré dans sa retraite campagnarde, assis à sa fenêtre nord, se livre à une activité rafraîchissante : il écrit. Pas un traité philosophique, non ; pas de la poésie ; pas davantage un Mémoire pour servir la chronique du règne achevé en cataclysme un quart de siècle plus tôt : il y risquerait sa tête, dans ces années 1660 où la censure de la nouvelle dynastie mandchoue veille de près à l'ordre moral et scripturaire. Il travaille donc à détourner la forme si populaire, si peu considérée, du recueil de contes pour s'en faire une parfaite couverture.
Il invente une tonnelle où grimpent des haricots et sous laquelle les villageois viennent se retrouver l'après-midi au frais, après leur journée de travail. Jeunes et vieux s'y installent sur une natte posée à même le sol ou sur de petits bancs, l'éventail à la main, pour écouter, raconter, donner leur avis à tour de rôle. Le cercle des causeurs met les ressources de chacun à contribution : les récits font assaut d'originalité, les points de vue s'affrontent. Les cadavres de la mémoire collective se faufilent hors du placard pour entamer dans l'ombre verte de la tonnelle une danse canavalesque tour à tour féroce, légère et poignante. Les clichés marchent sur la tête, les icônes bien-pensantes sont retournées comme des gants. La circulation des idées fait lever un vent qui court d'un bout à l'autre du texte et passe en bruissant à travers le tressage des mots pour parvenir jusqu'à nous. Dans l'espace poétique qu'il s'invente, lieu rêvé d'une liberté précaire qui est d'abord une liberté de parole, ce petit livre met en scène des interrogations sur le sens de l'Histoire, sur la fonction des idéologies, sur l'impossible et nécessaire transmission des valeurs auxquelles il ne semble pas que nous ayons, depuis ou ailleurs, trouvé de réponses. Le «Dodécaméron chinois», comme l'a surnommé André Lévy, est un livre hanté. Et un bien curieux trésor, qui n'a pas fini de surprendre.