Ce roman est celui de la vie quotidienne en Espagne, depuis la guerre civile. Pour la génération de ceux qui étaient des enfants au moment où éclata le conflit, ou qui sont nés tout de suite après, la guerre était un drame national appartenant au passé.
Ainsi, les jeunes hommes d'Espagne vivent-ils un présent qu'ils n'acceptent pas parce qu'il est grevé de toute l'hypothèque du passé. Ils veulent le modifier en vue de modeler un meilleur avenir.
L'auteur fait vivre devant nous un monde complet et varié de frustrations et d'espoirs, de désenchantement et de révolte, à travers une série de personnages appartenant à tous les milieux sociaux. Les destinées s'entrecroisent, se poursuivent chacune avec ses problèmes particuliers. Les aventures d'un journalier agricole, à Barcelone et à Madrid, nous permettent de suivre l'exode du monde paysan. Le personnage de Gabriel Guzman, qui appartient à la génération que l'on a appelée la génération intermédiaire ou perdue, divisée entre le passé et l'avenir, nous introduit dans le monde universitaire. C'est le nouveau riche, né de la guerre et de la spéculation, qui s'incarne en Firmin Lasheras, tandis que le fabricant Catarino nous fait connaître un petit monde industriel. Entre Atalin et Vidal, s'élèvent la contradiction et le désaccord qui ont séparé les hommes qui avaient fait la guerre et leurs cadets. C'est ainsi une ample fresque collective qui se déroule, devant le lecteur, faisant revivre cette période cruciale de dix années qui va de la fin du conflit mondial à la signature du pacte hispano-américain.
L'auteur a vécu cette période en Espagne, à Barcelone, à Madrid el en Andalousie. Ce qu'il raconte, il l'a vu de ses yeux. Son roman foisonnant s'insère dans le grand courant réaliste de la littérature espagnole. Mais aussi, comme les œuvres des écrivains de sa génération qui nous ont été découverts récemment, L'autre face est un témoignage, une prise de conscience de l'homme confronté à la réalité douloureuse en devenir.