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Gallimard Date de parution : Code SODIS : A26655 ISBN : 2070266559 140 x 205 mm
Prix : 6.9 € 456 pages
Le bateau des esclaves

De : Bruno E. Werner
Traduit (allemand) par Jacques Martin
Du monde entier
Genre littéraire : Romans et récits

Georges Forster, Allemand moyen, citoyen du Troisième Reich, n'est ni un héros, ni une victime plus éprouvée que la plupart de ses contemporains. Journaliste et critique d'art, un peu snob, entiché de culture, officier de réserve, jouisseur et égoïste, il se soucie peu de combattre le gouvernement et ne prend pas Hitler au sérieux.
Vu par ce dilettante, le tragique de la dictature nazie apparaît avec un relief singulier. En dépit de son détachement, la politique envahit la vie de Forster. Il assiste dans sa propre famille à l'application des lois raciales, il va lui-même en prison pour avoir déplu, dix ans plus tôt, à un militant nazi. Il connaît enfin les résultats de la guerre, sur le sol allemand. Et il en vient à souhaiter la défaite de son pays.
Ce «figurant», comme le qualifie Bruno Werner, est un admirable témoin. Journaliste, il suit avec lucidité le déroulement des événements ; il a des relations au Ministère de la propagande, à la Wilhelmstrasse et
dans l'Armée. Au cours d'une conférence de presse, il voit Hitler de près et en donne une description qui restera sans doute dans l' histoire anecdotique. Ne pouvant être mobilisé comme officier, parce qu'il a épousé une demi-juive, il assiste aux bombardements de Berlin, à la désagrégation interne de l'Allemagne. Il coudoie les auteurs de l'attentat du 20 juillet.
Ce roman, dont les premières scènes respirent
l'insouciance et la joie de vivre, se termine par une vision de Dresde en flammes et par cette question : «Les vainqueurs de l'Allemagne ne seront-ils pas contaminés par la peste nazie? L'ère des termitières n'est-elle pas venue pour le monde entier?»
Le récit de Bruno Werner a approché la réalité du plus près qu'il était littérairement possible. Le succès considérable de son livre, l'un des bestsellers allemands de cet après-guerre, en est un témoignage.