Le «génie du paganisme» est à l'opposé de tous les présupposés du monothéisme, notamment chrétien ; ses élaborations conceptuelles et symboliques répondent cependant à des questions qui sont les nôtres. Car les questions sont universelles, non les réponses.
De son expérience de terrain en Afrique, Marc Augé conclut qu'il n'y a jamais, pour l'ethnologue, d'altérité radicale : prendre au sérieux ce que disent les autres, c'est non pas y adhérer, mais s'en inspirer pour s'interroger en retour sur le lieu d'où l'on vient.
Ainsi, pour l'ethnologue, le monde grec ancien et le monde africain traditionnel ont plus d'un point en commun et aujourd'hui encore notre vie quotidienne spontanée obéit largement à des logiques païennes qui imprègnent la littérature, la création artistique et philosophique occidentales. Alors qu'il est de bon ton de mettre au jour ses racines faute d'imaginer un avenir commun, le «génie du paganisme» rappelle une évidence : nos racines sont multiples et notre avenir ouvert.