«Aujourd'hui, pour le grand public, Rabelais reste le chantre de la mangeaille, d'un comique farcesque et populaire fleurant l'athéisme. On oublie, ou on ignore, que cet homme est l'un des plus grands savants de son siècle, et que – profondément religieux – il compte parmi les plus importants représentants du mouvement évangélique de la Renaissance. Il figura en outre dans les entourages proches de personnages illustres. Ce n'est certainement pas en tant que bouffon paillard et athée que Rabelais a pu fréquenter les cercles cultivés et raffinés des frères Du Bellay, du cardinal Odet de Coligny (auquel il dédia le Quart Livre), du cardinal d'Armagnac, de l'ambassadeur Guillaume Pellicier chargé du recrutement de la Bibliothèque royale... Tous ces grands personnages appréciaient chez lui sa pénétration d'esprit et son savoir encyclopédique.
Pantagruel, roman comique, est donc aussi et surtout une satire humaniste contre les idées rétrogrades des théologiens scolastiques de son temps, destinée à pourfendre l'erreur et le mal, composée selon de subtiles méthodes d'écriture parfois héritées de l'Antiquité, pratiquant l'ironie et le double sens.»
Gérard Milhe Poutingon.