D'où vient Faulkner ? Avec la publication de cette piécette inédite composée en 1920 (c'est le «livre» le plus ancien qu'on ait de lui), on pourra répondre qu'il vient littérairement d'Europe, du XIX<sup>e</sup> siècle finissant, du symbolisme français (Verlaine, qu'il a «traduit», Mallarmé, qu'il a imité, Laforgue, qu'il a connu, comme tous les Anglo-saxons, à travers les traductions proposées par Arthur Symons) et de la décadence anglaise (en particulier, pour ses dessins, Audrey Beardsley). Il a vingt-trois ans. En France, on se relève de la guerre ; il ne l'a pas faite : sa frustration est immense. Il joue les bohèmes, s'invente une blessure, s'inscrit comme étudiant à l'Université du Mississippi, où il fréquente un club d'art dramatique... du nom de «The Marionettes». Il écrit, puis copie, illustre et relie lui-même la piécette qu'il intitule Les marionnettes : l'art «total».