«Trois mois plus tard j'ai commencé à raconter sa vie, à l'encre bleue sur un papier brouillon rose où les mots se déformaient, absorbés comme par un buvard, dans un texte que je voulais froid et impersonnel (toute cette histoire ne me concernait en rien, et je n'étais pas de ceux qui règlent leurs comptes par écrit) mais dont le ton, en réalité sifflant et hargneux, m'a sauté aux yeux à la première relecture. Incapable de comprendre, ni de supporter l'image que le papier rose me renvoyait, j'ai rapidement rangé, égaré puis définitivement perdu ce récit écrit il y a dix ans, dont seul le titre me revient aujourd'hui : Vies et morts d'Esther.»
Catherine Axelrad.