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Dossiers thématiques

«Je me souviens» de Gilles Rapaport

Dossier consacré à l'auteur et illustrateur Gilles Rapaport, avec une biographie, une interview, ainsi que des activités sur son dernier album, «Je me souviens» (Albums Gallimard Jeunesse), complétées par des exercices à partir de livres documentaires sur la Shoah et de «L'histoire de Clara» de Vincent Cuvellier.

Réalisé par Stéphane Bouron, professeur des écoles.

  • les fiches élèves (PDF)
  • les corrigés (PDF)

Au sommaire : Biographie de Gilles Rapaport - Entretien - Photos de Maurice Rapaport, son grand-père - Ouvrages - Activités

Biographie de Gilles Rapaport

Né à Paris en 1965, Gilles RAPAPORT est dessinateur de presse, auteur, illustrateur de livres jeunesse et aussi dessinateur d’humour en entreprise. Il travaille pour les plus grands groupes français, EDF, ENEDIS (ERDF), Total, La Poste, Lafarge.

Il continue à dessiner régulièrement dans L'Express, Le Monde, pour L'ÉCO, Stratégies, Directions et publie régulièrement de nouveaux albums jeunesse.

Il a publié une quarantaine d’albums et livres jeunesse. Grand-père, son livre le plus emblématique est étudié en classe depuis des années.

La série « Il y a des règles », avec Laurence Salaün, est un grand succès public.

Il vient de publier chez Gallimard Jeunesse Je me souviens, album où il évoque l’histoire de sa famille.

Entretien

L’univers de votre production littéraire est très diversifié, avec des albums traitant aussi bien du Grand Nord que de la Seconde Guerre mondiale. Quels faits de vie motivent vos sujets ?

Je parle du Grand Nord, parce qu'en 2014, j'ai voyagé dix jours sur le brise-glace de la garde-côte canadienne, l’Amundsen, puis passé une semaine à Iqaluit. Je réagis beaucoup à l’actualité et à l’évolution de la société. C’est ainsi que les critiques sur notre pays que je lis et entends partout autour de moi, surtout de la part des jeunes, m’ont poussé à faire Je me souviens.

Quelle est la part de la mémoire familiale dans l’écriture de vos albums ?

Je me sers de l’histoire de ma famille quand le sujet l’impose. Il n’y a que Grand-père, Je me souviens et Zygmunt, où je parle de ma famille. Plus que ma famille, le sujet qui m’intéresse est LA FAMILLE. Ou bien, la SHOAH et non ma famille dans la SHOAH. Je me sers de l’histoire familiale, je la change pour qu’elle serve mon propos. C’est de la fiction. Mon grand-père n’a pas été déporté, ma grand-mère n’est pas morte pendant la guerre.

Avez-vous retrouvé des documents photographiques ou des carnets de notes de vos aïeux ?

Il n’y a aucun carnet de notes. Aucun aïeul. Tout a disparu pendant la Shoah, en Pologne. Ma famille commence avec mes grands-parents. Je n’ai que quelques photos d’eux.

Avez-vous noué des contacts avec les familles qui ont protégé vos parents et vos grands-parents ? Peut-on parler de « Justes » ?

Personne n’a protégé mes grands-parents. Mon père et son frère ont été cachés dans une famille de paysans. Ma grand-mère les payait. Mon père a été traumatisé par cette séparation. Son frère, plus grand, a mieux vécu ces années. Il voulait que la famille soit reconnue comme « Juste ». Mon père a toujours refusé. Je ne les ai jamais rencontrés.

La technique utilisée pour vos illustrations obéit-elle à une ligne éditoriale ? Quelle technique graphique choisissez-vous pour vos albums ?

Je dessine toujours en fonction de l’âge de mes lecteurs. Je cherche le dessin qui servira le mieux le texte.

À qui soumettez-vous vos ouvrages pour la correction, ou simplement pour avoir un avis critique ?

Laurence, ma femme, est ma première lectrice. Les éditrices et éditeurs avec qui je travaille sont les autres. Je fais toujours évoluer mes projets avec eux. C’est un échange continu. Le livre que vous avez entre les mains est très différent du projet initial. C’est tout l’intérêt de ce travail, chacun apporte ce qui rend le livre meilleur.

Quels sont vos futurs projets ?

Je n’ai aucun projet en cours sur des sujets graves. Juste un album léger sur la vie. Après, j’ai toujours mille livres en tête. Sur tous les sujets du monde.

Propos recueillis par Stéphane Bouron

Photographies de Maurice Rapaport, grand-père de Gilles Rapaport

 

 

Présentation des ouvrages

 

Je me souviens de Gilles Rapaport, collection Albums Gallimard Jeunesse

Dans cet album poignant, Gilles Rapaport raconte l’histoire de sa famille,
mais aussi celle de toutes ces personnes, inconnues, grâce à qui sa famille a survécu et grâce à qui il est là aujourd’hui. L’auteur se focalise sur les mains tendues pendant la guerre mais aussi après la guerre. La valeur des idées défendues et la simplicité du lexique justifient l’étude de l’album dès le CE2. Mais l’implicite dans le texte (absence des termes Juif ou nazi) comme dans les illustrations permet également d’aborder des notions aussi complexes que la Shoah ou l’intégration, avec des élèves de cycle 3. En invitant à la réflexion et à la discussion, l’album Je me souviens est un support idéal pour les enseignants.

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La Shoah. Des origines aux récits des survivants de Philip Steele, collection Albums documentaires, Gallimard Jeunesse

Pendant la Seconde Guerre mondiale, en Europe, six millions de Juifs - hommes, femmes et enfants - furent assassinés par le régime nazi. Cet album documentaire explique les origines du peuple juif et raconte l'histoire de la Shoah - de la montée du nazisme jusqu'à la découverte des camps de concentration et d'extermination -, et ses conséquences dans le monde de l'après-guerre.
Illustré de cartes et d'images d'archives, cet ouvrage de référence, chronologique et thématique, souhaite contribuer à transmettre aux générations actuelles la mémoire de cette tragédie.
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Histoire de la Shoah. De la discrimination à l'extermination de Clive A. Lawton, Albums documentaires, Gallimard Jeunesse

1942, le régime nazi décide d'exterminer tous les Juifs d'Europe. Plus de six millions d'entre eux, hommes, femmes et enfants, ont péri. Cette «Catastrophe», Shoah en hébreu, a-t-elle servi de leçon ? Depuis, bien d'autres crimes contre l'humanité ont été commis.
L'objectif de ce livre n'est pas d'expliquer mais de témoigner et de rappeler, autant que faire se peut, la réalité et l'horreur de l'extermination des Juifs d'Europe et des Tziganes pendant la Seconde Guerre mondiale.

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L’histoire de Clara de Vincent Cuvellier, illustré par Charles Dutertre, collection Hors série Giboulées, Gallimard Jeunesse

Clara est une fillette juive de quelques mois. En France, dès le début de la Seconde Guerre mondiale, les Juifs subissent de nombreuses restrictions mises en place par les Allemands. Malgré cela, les parents de Clara avec leurs trois autres enfants vont se détendre au parc d'acclimatation. Mais en rentrant chez eux, le soir, ils sont surpris par la police allemande. La mère de Clara a juste le temps de placer le couffin du bébé dans l'ascenseur de l'immeuble. Le reste de la famille est aussitôt arrêté. C'est une voisine âgée qui découvre le bébé. Aussitôt, elle le prend chez elle mais ne peut le garder. Dès lors, la petite Clara passe de main en main pour échapper encore et toujours aux Allemands.

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Proposition d'activités

Pistes pédagogiques cycle 3 (I.O. 2020)

Histoire :

  • Présenter l’ampleur des deux conflits mondiaux en les situant dans leurs contextes européen et mondial ;
  • évoquer la Résistance, la France combattante et la collaboration. Aborder le génocide des Juifs.

Littérature :

  • lire, comprendre et interpréter un texte littéraire adapté à son âge et réagir à sa lecture ;
  • découvrir des œuvres, des textes et des documents mettant en scène des héros / héroïnes bien identifié(e)s ou qui se révèlent comme tels ;
  • comprendre les qualités et valeurs qui caractérisent un héros, une héroïne ;
  • s’interroger sur les valeurs socioculturelles et les qualités humaines dont il/elle est porteur/porteuse, sur l’identification ou la projection possible du lecteur.

Écriture :

  • mettre en œuvre une démarche de rédaction de textes : convoquer un univers de référence, un matériau linguistique, trouver et organiser des idées, élaborer des phrases, les enchaîner avec cohérence, élaborer des paragraphes.

EMC :

  • connaître les valeurs, principes et symboles de la République française, de l’Union européenne et des sociétés démocratiques.

Télécharger les fiches élèves Cycle 3 et leurs corrigés.

Autour de la 1re de couverture de Je me souviens

La couverture de l’album représente un garçon observant une dizaine de photographies de famille étalées sur un siècle. La description de chacune d’entre elles fera le lien avec le titre : Je me souviens. Après l’émission d’hypothèses sur la personnalité du narrateur, la découverte de la quatrième de couverture confirmera qu’il s’agit de l’auteur, Gilles Rapaport.
Au cycle 3, les élèves sont invités à lire l’ouvrage puis à situer sur des frises chronologiques différentes les faits de vie importants du grand-père et du père de Gilles Rapaport (fiche élève n°1).

Étude de l’album Je me souviens

Au cycle 3, l’étude commence par un travail d’investigation. Seul l’entretien avec Gilles Rapaport permet de savoir que ses grands-parents ont quitté la Pologne. En revanche, l’observation fine des illustrations indique aux lecteurs que leur arrivée se situe à Paris et que l’histoire se déroule pendant l’entre-deux guerres (présence d’une « gueule cassée » quinquagénaire). Puis le travail s’approfondit avec l’analyse de l’intégration heureuse de ses grands-parents grâce aux valeurs de la devise française mises à l’honneur dans la dédicace : Liberté, Égalité, Fraternité, auxquelles est associée la Démocratie (fiche élève n°2). Un croisement entre enseignements s’avère ensuite nécessaire. L’étude littéraire de l’album ouvre sur l’étude du génocide des Juifs. Pour cela, une attention particulière est portée aux métaphores du texte et les implicites des illustrations pour évoquer la déportation, les traumatismes des survivants et l’héroïsme des sauveurs, notamment les Justes parmi les Nations(fiche élève n°2).

Il paraît alors important de rapprocher les principes de ces citoyens, valorisés dans l’histoire, avec les valeurs et les symboles de la République française instaurés pendant la Révolution (hymne, fête nationale, drapeau) ou au XIXe siècle (la devise, Marianne). Cette étude en Éducation Morale et Civique s’achèvera par une découverte d’articles de la Convention des droits de l’enfant ratifiée en 1989, à relier aux illustrations de Gilles Rapaport (fiche élève n°3).

Le parcours se termine avec une focalisation sur une notion tragique et implicite dans le texte: le sort des personnes arrêtées. La violence du dessin aux couleurs sombres, contrastant avec les lignes douces et les tons pastel des pages précédentes, permettra sans aucun doute aux élèves de comprendre la situation tragique. L’étude d’un texte documentaire paraît alors nécessaire afin de désigner les victimes et les bourreaux (Juifs et nazis), mais aussi d’apporter un message d’humanité avec le rôle d’un Juste : le roi du Danemark (fiche élève n°4).

Prolongements

En histoire, les évocations de Justes célèbres sont mises en valeur par l’intermédiaire de deux textes documentaires sur Miep Gies et le couple Zabinski, dans les ouvrages Histoire de la Shoah de Clive A. Lawton et La Shoah de Philip Steele (fiche élève n°4). Si la lecture du Journal d’Anne Frank ne convient pas à des lecteurs de cycle 3, en revanche le visionnage de son adaptation en film d’animation, signé Julian Y. Wolf, contribue à révéler la bravoure de Miep Gies. De même, des extraits du film La femme du gardien de zoo de Niki Caro permettent de découvrir l’ampleur de l’héroïsme de Jan Zabinski et de son épouse Antonina.

En littérature, la lecture d’un extrait du récit illustré L’histoire de Clara de Vincent Cuvellier est proposée. Dans cette histoire émouvante, une fillette juive passe entre les mains d’une dizaine de «Justes». Le chapitre consacré au «Boche» est particulièrement intriguant car le sauveur est ici un soldat allemand. L’idée de l’ennemi qui peut faire preuve d’humanité amènera les élèves à s’interroger sur l’embrigadement de l’occupant (fiche élève n°5).

Voir également le dossier pour le cycle 2

Pour aller plus loin : une sélection d'ouvrages sur la Shoah

  • Aux Éditions Gallimard Jeunesse

 

J’étais cet enfant de Debbie Bornstein Holinstat et Michael Bornstein, collection Grand format littérature

En 1945, Michael Bornstein est âgé de 4 ans lors de la libération du camp d'Auschwitz. Soixante-dix ans plus tard, travaillant à partir de ses propres souvenirs, de documents officiels, de témoignages, Michael raconte son histoire avec l'aide de sa fille, Debbie Bornstein Holinstat : le courage d'un père, l'amour d'une mère, l'innocence d'un enfant confronté trop tôt à l'horreur. Et l'espoir, l'héroïsme, la détermination.
Du ghetto de Zarki à l'après-guerre en Pologne, de la tragédie à la résilience, un récit saisissant.

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Anne Frank de Joséphine Poole, illustrations d’Angela Barett, Albums Gallimard Jeunesse

Le Journal d'Anne Frank a touché des millions de lecteurs. Sur le texte simple et juste de Josephine Poole, Angela Barrett restitue en images de façon miraculeuse la brève vie de cette jeune fille au destin inoubliable.
Voici un album à partager entre générations : comme le Journal, ce témoignage bouleversant est aussi une célébration de la vie. Pour commémorer les soixante-dix ans de la mort d'Anne Frank, cet album magnifique de délicatesse et de vérité met pour la première fois son histoire à la portée des plus jeunes.

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  • De Gilles Rapaport, dans d’autres maisons d’édition

Le convoi des mères de Rolande Causse, illustrations de Gilles Rapaport, Éditions du Cercil

Les 16 et 17 juillet 1942, plus de treize mille Juifs, dont une majorité de femmes et d'enfants (4 115 enfants), sont arrêtés à Paris. Les familles sont enfermées au Vélodrome d’Hiver puis internées dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande (Loiret). À la fin du mois de juillet, les mères sont déportées à Auschwitz, après avoir été cruellement séparées de leurs enfants. Ceux-ci demeurent seuls, livrés à eux-mêmes, errant dans le camp dans un état de détresse absolu. Après quelques semaines, ils sont transférés dans des wagons plombés à Drancy, puis à Auschwitz-Birkenau, où ils sont assassinés dès leur arrivée.

Ita-Rose de Rolande Causse, illustrations de Gilles Rapaport, Éditions Circonflexe

Jeune femme d'origine juive polonaise vivant en France, Ita-Rose a perdu trois de ses enfants et son mari parce qu'ils étaient juifs, au cours de la Seconde Guerre mondiale. Elle s'est battue ensuite pour que les crimes de Klaus Barbie ne restent pas impunis, jusqu'au procès de ce dernier.

Alex et Léon dans les camps français de Rolande Causse, illustrations de Gilles Rapaport, Éditions Circonflexe

Une famille juive, arrêtée en zone libre, est prise dans la tourmente des camps français. La mère et ses cinq enfants sont envoyés dans trois camps : Nexon, Gurs et Rivesaltes. Souffrance des internés, faim, froid, maladies, menaces de déportation, mais aussi débrouillardise des garçons, camaraderie et amitié entre les femmes juives et espagnoles. La mère, ses trois petites filles et ses deux garçons, ont été enfermés dix mois dans ces camps.

Grand-père de Gilles Rapaport, Éditions Circonflexe

Comment transmettre une mémoire qui n'est pas la nôtre, qui n'est pas seulement celle d'un homme, mais de millions d'êtres ? À travers le destin d'un individu broyé par les camps nazis, Gilles Rapaport signe un album d'une rare intensité émotionnelle.

  • Autre publication de Gilles Rapaport chez Gallimard Jeunesse

 

Polarman, collection Albums Gallimard Jeunesse
Près du pôle Nord, dans un village inuit, un super-héros aide les personnes seules, garde les enfants, sauve les animaux... C'est Polarman. Il est super occupé, alors tomber amoureux ? Impossible, Polarman n'a vraiment pas le temps ! Jusqu'au jour où...
Une histoire étonnante et pleine d'humour, inspirée de la rencontre de Gilles Rapaport avec le vrai Polarman !

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