La figure de l'exilé hante la littérature depuis ses origines : Ulysse, Adam et Ève, Moïse sont chacun à leur manière des exilés. Contraints de partir hors de leur terre d'origine, ce voyage sans retour devient le cœur de leur histoire. L'exil touche bien sûr aussi des écrivains, de Socrate et Ovide à Hugo et Zweig : l'exilé est d'abord un banni, exclu d'un groupe humain pour lequel il représente une question et un danger. Mais s'éloigner, est-ce se taire ? En d'autres mots, l'exil tarit-il une œuvre, comme celle de l'exilé Rimbaud, ou au contraire la nourrit-il ? De quelle expérience singulière l'exilé est-il le porteur ? Et l'inspiration que provoque la solitude ne permet-elle pas d'étendre à toute forme d'aliénation la notion d'exil, de voir en tout écrivain un exilé ?
Dossier initialement publié dans le numéro 14 des Mots du Cercle, novembre-décembre-janvier 2002/2003.