Accueil > Toute l'actualité > Centenaire de la naissance d'Italo Calvino (1923-1985)

Centenaire de la naissance d'Italo Calvino (1923-1985)

> Toute l'actualité
Italo Calvino aurait eu 100 ans le 15 octobre dernier : l'occasion de redécouvrir son œuvre et sa vie au travers d'une sélection de livres et de ressources.

Biographie d'Italo Calvino

Un enfant solitaire
Italo Calvino est né le 15 octobre 1923 à Cuba, où ses parents s’étaient établis pour y diriger des recherches en agriculture. Originaire de San Remo en Italie, Mario, son père, était un éminent agronome, passionné par la terre et tout ce qu’elle fait généreusement pousser. Sa mère, Evelina, enseignait la botanique. En 1925, la famille revient en Italie. Tandis que ses parents poursuivent leurs travaux de botanistes, Italo grandit entre les oliviers et les chênes verts. Floriano, son petit frère, naît en 1927.
Dans l’Italie fasciste de Mussolini, le domaine des Calvino est une enclave de tolérance et de liberté où les deux garçons reçoivent une éducation laïque. « Ma famille était assez insolite : des scientifiques, adorateurs de la nature, libres penseurs », se souvient l’auteur du Baron perché ; « je vivais dans un monde aisé, serein ». Mario Calvino aurait souhaité que ses fils partagent son goût pour l’horticulture, mais les garçons préfèrent grimper aux arbres pour y lire en cachette. Déjà se dessine la vocation littéraire d’Italo, enfant solitaire et rêveur qui dévore les livres de Kipling, Stevenson ou Hemingway.
En 1941, Italo Calvino entre à l’université de Turin. Il aime la littérature et le cinéma mais, sur les conseils de son père, il se tourne vers des études d’agronomie.

Un homme engagé
La guerre, dans l’Italie mussolinienne alliée de l’Allemagne d’Hitler, est une épreuve terrible pour la famille Calvino antifasciste. S’il ne veut pas être enrôlé de force dans l’armée, Italo doit interrompre ses études et entrer dans la clandestinité. En 1943, il adhère au parti communiste et rejoint les résistants dans le maquis. Pendant vingt mois, il se bat et, quand les armes se taisent, il lit. L’expérience de la guerre marque profondément le jeune homme : « Je suis passé par une inénarrable série de dangers et de privations ; j’ai connu la prison et la fuite, j’ai plusieurs fois côtoyé la mort. »
À la Libération, Italo retourne à l’université mais il n’est plus question d’agronomie ; il choisit d’étudier la littérature. C’est le temps de l’espérance et des utopies. Sensible aux souffrances de ses contemporains, il veut participer à la construction d’un monde meilleur en s’engageant dans l’action politique. Il écrit des articles pour divers journaux et publie un premier roman inspiré de son expérience de la Résistance, Le Sentier des nids d’araignée (1947).

Un écrivain épris de liberté
La réalité des années cinquante est un désenchantement pour Italo Calvino. L’espoir d’une société universelle plus juste, libre et fraternelle, s’évanouit. La guerre froide, les révélations des crimes commis sous le régime de Staline et la répression par les Soviétiques de l’insurrection hongroise en 1956 révoltent le jeune écrivain. Il démissionne du parti communiste et prend ses distances avec la politique. Comme son héros perché, il choisit de s’éloigner pour mieux voir le monde et tenter de le comprendre. Il se tient, explique-t-il, sur un « balcon », non pas à l’écart de la société mais à une certaine distance.
L’écrivain se détourne du réalisme qui a marqué ses premiers livres pour laisser libre cours à son imagination. Il écrit Le Vicomte pourfendu (1952), Le Baron perché (1957) et Le Chevalier inexistant (1959), des romans historiques et fantastiques dont les intrigues se déroulent dans un lointain passé mais qui, indirectement, reflètent avec humour les préoccupations du monde contemporain.
Au cours d’un voyage, Italo rencontre une jeune traductrice d’origine argentine, Esther Singer. Ils se marient à Cuba ; Esther donne naissance à leur fille Giovanna à Rome, en 1965, puis ils s’installent à Paris en 1967. Réservé et solitaire, Italo Calvino se plaît à Paris où il dit vivre isolé comme à la campagne ou dans un livre. Il admire les auteurs français et, en particulier, Raymond Queneau, qui devient son ami. Les deux écrivains partagent le goût des mots, la passion des sciences et la même volonté de comprendre l’être humain.
En 1980, Italo Calvino retourne vivre en Italie. Il écrit toujours, des romans, des articles de presse et des scénarios pour le cinéma. Alors qu’il prépare des conférences qu’il doit présenter à l’université Harvard, Italo Calvino, à la suite d’un malaise, est conduit à l’hôpital de Sienne où il meurt le 19 septembre 1985. Fabuleux conteur, philosophe, romancier à l’inventivité prodigieuse, il est l’un des écrivains majeurs du XXe siècle.

Cette biographie est extraite du carnet de lecture, par Nathalie Rivière, du Baron perché, dans la collection Folio Junior Textes classiques.

Sélection d'ouvrages pour le secondaire

La trilogie Nos ancêtres

 

Le vicomte pourfendu (Folio)

Alors qu’il se bat contre les Turcs, le vicomte Medardo di Terralba est fendu en deux par un boulet de canon. Seule la moitié droite est retrouvée, soignée et remise sur pied. De retour au château de Terralba, elle se montre vile et cruelle, terrorisant tous les habitants. Quelque temps après, la seconde moitié du vicomte, la gauche, revient sur ses terres, et se révèle aussi bonne et vertueuse que l’autre est méchante. Le curieux face-à-face entre ces deux moitiés du même homme provoque une série de péripéties rocambolesques. Avec un humour inépuisable, Italo Calvino explore la condition de l’homme contemporain et l’état d’incomplétude qui le caractérise. Le vicomte pourfendu est le premier des trois volets qui composent le cycle Nos ancêtres – comprenant aussi Le baron perché et Le chevalier inexistant.

En savoir plus

 

Le baron perché (Folio)

«Si l’on veut bien regarder la terre, il faut se tenir à la bonne distance.» En 1767, à la suite d’une dispute avec ses parents au sujet d’un plat d’escargots qu’il refuse de manger, le jeune Cosimo Piovasco di Rondò grimpe au chêne du jardin familial et n’en redescendra plus. Sautant de branche en branche et d’arbre en arbre, il s’élance à la découverte du monde : il étudie la philosophie, se passionne pour la politique, rencontre des bandits, connaît les joies et les peines d’amour. Et cela sans jamais reposer un pied sur terre, ni revenir sur sa résolution. Sous les apparences d’un conte philosophique, Italo Calvino rend hommage au siècle des Lumières dans un texte débordant d’humour, d’imagination et d’originalité. Le baron perché est le plus connu des trois volets qui composent le cycle Nos ancêtres – comprenant aussi Le vicomte pourfendu et Le chevalier inexistant.

En savoir plus - Existe aussi dans la collection Folio Junior Textes classiques, accompagné d'une séquence pour les classes de 4e ou 3e

 

Le chevalier inexistant (Folio)

Sous les remparts de Paris, Charlemagne passe en revue les troupes de l’armée de France. S’approchant du chevalier Agilulf Edme Bertrandinet des Guildivernes, il découvre avec surprise que sous l’armure blanche, il n’y a personne. Le chevalier est dépourvu de corps, certes, mais pas de volonté. Tout l’inverse de son écuyer Gourdoulou, dont le corps est bien réel, mais l’esprit complètement dénué de conscience. Entre ces deux pôles opposés, d’autres personnages se cherchent et s’enfuient : Raimbault, jeune intrépide ; Bradamante, fière amazone ; Torrismond, douteur inquiet. Tous sont en proie au même questionnement et au même conflit : que signifie être ? Le chevalier inexistant clôt le cycle Nos ancêtres – qui comprend aussi Le baron perché et Le vicomte pourfendu – bien que, selon l’auteur, il puisse servir tant d’introduction que d’épilogue.

En savoir plus

Découvrez sur Instagram La Minute Culture consacrée en octobre à la trilogie Nos ancêtres !

Autres ouvrages

 

Les villes invisibles (Folio)

«Les villes comme les rêves sont construites de désirs et de peurs, même si le fil de leur discours est secret, leurs règles absurdes, leurs perspectives trompeuses, et que chaque chose en cache une autre.
— Moi, je n’ai ni désirs, ni peurs, déclara le Khan, et mes rêves sont composés soit par mon esprit soit par le hasard.
— Les villes aussi se croient l’oeuvre de l’esprit ou du hasard, mais ni l’un ni l’autre ne suffisent pour faire tenir debout leurs murs.»

À travers un dialogue imaginaire entre Marco Polo et l’empereur Kublai Khan, Italo Calvino nous offre un «dernier poème d’amour aux villes» et une subtile réflexion sur le langage, l’utopie et notre monde moderne.

En savoir plus

Recommandé pour les classes de 4e, dans la cadre du questionnement complémentaire, «La ville, lieu de tous les possibles»

 

Pourquoi lire les classiques ? (Folio)

«Un classique est un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à dire.»

Pour comprendre qui nous sommes, Italo Calvino nous invite à lire ou relire les chefs-d’œuvre de la littérature universelle. De Xénophon à Borges, en passant par Homère, Balzac, Dickens, Flaubert, Tolstoï, Queneau et Ponge, suivez le guide.

Un livre intemporel, enfin réédité.

En savoir plus

 

Le métier d'écrire. Correspondance (1940-1985) (Du Monde entier)

Plus de trois cents lettres choisies d’Italo Calvino dessinent le portrait complexe et attachant, inattendu et captivant de cet écrivain si bien connu et si secret. Les premières missives de la jeunesse, adressées aux parents et aux amis, laissent progressivement la place aux lettres consacrées au métier d’écrire. C’est que Calvino, par son activité d’écrivain, comme à travers sa profession d’éditeur, n’a cessé de s’adresser aux auteurs et artistes de son temps qu’il lisait et qui le lisaient : Pavese, Vittorini, Morante, Ortese, Pasolini, Antonioni, Sciascia, Moravia, Eco, Magris, et bien d’autres. La vie culturelle et littéraire italienne du siècle dernier nous est ainsi offerte dans ses tensions, ses constructions, ses réalisations.
Au fil de ces pages, tout en retrouvant l’intelligence aiguisée de Calvino, sa franchise et son humour, on découvre une existence faite de difficultés et de tentatives, mais aussi de réussites et d’acclamations. On suit encore la vie d’un intellectuel engagé, militant du Parti communiste, enthousiaste d’abord, malheureux ensuite, dissident enfin, dont la vie fut portée par une conviction : la littérature compte, intimement, culturellement, politiquement. La littérature, affirmait-il, « c’est la chose en laquelle je crois encore le plus ».

En savoir plus