Jan, c’est d’abord une langue, une parlure, presque un argot qui percute l’oreille, la décape, puis l’enchante par ses trouvailles touchantes et bourrées de poésie. L’une des portes d’entrée du roman pourrait être de relever et d’étudier les déformations que la petite héroïne fait subir aux mots, à la syntaxe et aux clichés de la langue française. À chaque fois, de nouvelles significations, de nouvelles idées inattendues et réjouissantes émergent : dans la bouche de Jan, les surveillants deviennent ainsi des « surveilleurs » dont l’attention semble plus difficile encore à déjouer ; et si l’on se doutait un peu de la rechute du père dans l’alcoolisme, « on s’en redoutait » surtout, mélange astucieux d’attente et de crainte. Cette façon étonnante de bousculer les expressions se trouve redoublée par l’emploi de la première personne et les adresses fréquentes au lecteur qui impliquent celui-ci et l’embarquent bon gré mal gré dans le monde tel qu’il est perçu et dit par Jan. On pense alors au regard face caméra d’Antoine Doinel, à la fin des Quatre cents coups, de Truffaut, qui a la même fonction.
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