« Je préférais ne réussir point, plutôt que de me fixer dans un genre. Quand elle me mènerait aux honneurs, je ne puis consentir à suivre une route toute tracée. J’aime le jeu, l’inconnu, l’aventure : j’aime à n’être pas où l’on me croit ; c’est aussi pour être où il me plaît, et que l’on m’y laisse tranquille. Il m’importe avant tout de pouvoir penser librement. » André Gide (Si le grain ne meurt)
Voir également le dossier pour la première.
Au sommaire : biographie – œuvres recommandées pour la 2de – accompagnement pédagogique
Une enfance austère
André Gide naît le 22 novembre 1869 à Paris. Enfant unique, il est issu d’un milieu bourgeois et puritain. Son père, Paul Gide, est un professeur de droit originaire du Languedoc. Sa mère, Juliette Rondeaux, vient d’une famille normande convertie au protestantisme. Le père d’André Gide décède alors que ce dernier est encore enfant. Le jeune garçon entretenait avec son père une grande complicité intellectuelle. Il grandit alors aux côtés d’une mère possessive et austère. La santé fragile de l’enfant renforce l’attitude excessive de sa mère. André Gide passe sa jeunesse entouré de femmes, notamment ses cousines. Il tisse ainsi une relation intense avec sa cousine Madeleine, fondée sur une attirance réciproque et une émulation intellectuelle.
Lire et écrire
André Gide découvre le plaisir de lire grâce à son père, puis à sa mère. Il entretient ce goût dans sa relation avec sa cousine Madeleine. Les deux jeunes gens échangent avec plaisir au sujet de leurs lectures respectives. L’un de ses professeurs, Henri-Frédéric Amiel, l’incite également à s’y adonner. André Gide se lie d’amitié avec Pierre Louÿs alors qu’ils sont tous deux scolarisés à l’École alsacienne. Son goût pour la littérature donne naissance à l’ouvrage Les Cahiers d’André Walter publié en 1891, mais l’œuvre rencontre un modeste succès.
André Gide fréquente les artistes symbolistes par l’entremise de Pierre Louÿs. Il rencontre ainsi Stéphane Mallarmé, Paul Valéry ou encore Paul Claudel.
Voyages et émancipation
En 1893, André Gide entreprend un voyage en Afrique du Nord. C’est au cours de ce périple qu’il vit sa première relation homosexuelle. De retour en France, l’auteur ne se reconnaît plus dans les milieux littéraires parisiens qu’il remet en cause dans Paludes, publié en 1895. Sa mère décède au printemps de la même année. Il épouse alors sa cousine Madeleine à l’automne et les jeunes mariés partent en voyage de noces en Suisse, en Italie et en Afrique du Nord. Cette union scelle une grande complicité mais demeure purement platonique.
L’écrivain incontournable
André Gide devient l’un des écrivains influents du paysage littéraire français de l’époque. Il publie Les Nourritures terrestres en 1897, ouvrage dans lequel il prône la quête de plaisir face au poids de la religion. Son œuvre rencontre un franc succès. Avec Jacques Copeau, Jean Schlumberger et André Ruyters, il fonde La Nouvelle Revue Française en 1909. Cette revue littéraire fait découvrir au public de nombreux auteurs étrangers tels que Franz Kafka ou Joseph Conrad. En 1911, l’ouvrage Corydon est publié de manière anonyme. L’auteur y met en scène, à travers un dialogue, une réflexion sur l’homosexualité. Ce n’est qu’en 1924 qu’André Gide assumera l’écriture de cet essai et recevra de nombreuses critiques. Puis, en 1914, il publie Les Caves du Vatican.
André Gide entame une relation amoureuse avec Marc Allégret. Il part alors en voyage en Angleterre avec lui, ce qui met fin à sa relation avec Madeleine. Le roman majeur d’André Gide, Les Faux-Monnayeurs, est publié en 1926. Ce récit est une mise en abyme de la création littéraire et suscite chez le lecteur une réflexion sur l’art du roman. La même année, André Gide publie son autobiographie, Si le grain ne meurt.
Le regard sur le monde
André Gide puise dans ses voyages des sujets d’inspiration et de réflexion. Il part en Afrique équatoriale avec Marc Allégret. De ce voyage, naîtront Voyage au Congo et Retour du Tchad, publiés respectivement en 1927 et 1928, il découvre des paysages qui éveillent sa curiosité. Mais l’observation des pays qu’il traverse l’amène également à remettre en cause la colonisation. De même, il s’interroge sur le mouvement communiste dans Retour de l’U.R.S.S. qui paraît en 1936 après un voyage au cours duquel il a pu observer les conséquences du régime communiste. Pendant la Seconde Guerre mondiale, André Gide trouve refuge en Afrique du Nord. Il crée alors la revue L’Arche avec Albert Camus et Maurice Blanchot.
Le succès et la place majeure d’André Gide dans la littérature sont couronnés par le prix de Nobel de littérature qu’il se voit décerner en 1947. Dans les dernières années de sa vie, André Gide se consacre exclusivement à l’écriture de son journal. Il meurt le 19 février 1951 à Paris.
Romans
Titres recommandés dans le cadre de l'objet d’étude « Le roman et le récit du XVIIIe siècle au XXIe siècle »
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La porte étroite (Folio)
« J’écrirai donc très simplement mes souvenirs, et s’ils sont en lambeaux par endroits, je n’aurai recours à aucune invention pour les rapiécer ou les joindre ; l’effort que j’apporterais à leur apprêt gênerait le dernier plaisir que j’espère trouver à les dire. » |
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Les Faux-Monnayeurs (Folioplus classiques)
« Eh bien ! je voudrais un roman qui serait à la fois aussi vrai, et aussi éloigné de la réalité, aussi particulier et aussi général à la fois, aussi humain et aussi fictif qu’Athalie, que Tartuffe ou que Cinna. » En savoir plus - existe également dans la collection Folio |
Autobiographie
Titre recommandé dans le cadre de l'objet d’étude « Le roman et le récit du XVIIIe siècle au XXIe siècle »
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Si le grain ne meurt (Folio)
« La joie, en moi, l’emporte toujours ; c’est pourquoi mes arrivées sont plus sincères que mes départs. Au moment de partir, cette joie, souvent il n’est point décent que je la montre. » |
Récits de voyage
Titres recommandés dans le cadre de l'objet d’étude « Le roman et le récit du XVIIIe siècle au XXIe siècle »
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Voyage au Congo (Folio)
« À Pakori, le plus beau des villages vus jusqu’à présent, où l’on s’arrête, la quantité d’enfants est inimaginable. Je tâche de les dénombrer ; à cent quatre-vingt je m’arrête, pris de vertige ; ils sont trop. Et tout ce peuple vous enveloppe, s’empresse pour la joie de serrer la main qu’on leur tend ; tous avec des cris et des rires, une sorte de lyrisme dans les démonstrations d’amour. » |
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Retour de l’U.R.S.S., suivi de Retouches à mon « Retour de l’U.R.S.S. » (Folio)
« On aimerait pouvoir penser qu’un débordant amour des hommes, ou tout du moins un impérieux besoin de justice, emplit les cœurs. Mais une fois la révolution accomplie, triomphante, stabilisée, il n’est plus question de cela, et de tels sentiments, qui d’abord animaient les premiers révolutionnaires, deviennent encombrants, gênants, comme ce qui a cessé de servir. » |
Téléchargez les activités et leurs corrigés : une activité pour aborder la pratique du commentaire de texte sur Les Faux-Monnayeurs (collection Folioplus classiques), une activité d’explication linéaire sur Si le grain ne meurt (Folio) et une activité d’explication linéaire sur Voyage au Congo (Folio). Ces ouvrages sont recommandés pour la seconde dans le cadre de l’objet d’étude « Le roman et le récit du XVIIIe siècle au XXIe siècle ».
Dossier réalisé par Kim-Lan Delahaye, professeure de lettres modernes à Rueil-Malmaison